

Non, monsieur Trump, les jeux vidéo ne rendent (toujours) pas violents
2019 M08 6
C’est un débat vieux comme le monde qui refait surface. Et on s’en serait bien passé.
Au lendemain des tueries d’El Paso et Dayton, qui ont coûté la vie à 31 personnes, le président américain a réouvert la boite de pandore. Dans son discours adressé à la nation, il pointe du doigt le rôle des jeux vidéo « atroces et sinistres » dans l’instauration d’une « culture célébrant la violence. »
Il n’est pas le seul, le gouverneur du Texas, Dan Patrick, a déclaré dimanche sur les réseaux Fox qu’il envisageait de réglementer l’industrie du jeu vidéo, soulignant la mention explicite à « Call of duty » présente dans le manifeste du tireur de la fusillade d’El Paso.
Here's Dan Patrick on Fox News previously talking about the Great Replacement theory pic.twitter.com/hBUVbuEUeC
— John Whitehouse (@existentialfish) August 4, 2019
« Nous avons toujours eu des fusils, nous avons toujours du mal, mais je vois que l’industrie des jeux vidéo enseigne aux jeunes gens à tuer ».
Kevin McCarthy, leader de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, n’en perd pas une. Il leur emboite le pas et déclare au sujet des attaques : « quand vous voyez les photos de ces événements, vous pouvez voir ces actions dans les jeux vidéo. »
L’industrie du jeu vidéo plonge et perd 4 milliards en une journée
En s’attaquant au rôle que joueraient internet et les jeux vidéo dans la perpétuation de ces fusillades, les républicains écartent un véritable débat public sur le port d’armes. Aussitôt les actions en Bourse des principaux acteurs américains du secteur ont dévissé. Take Two, EA, Activision Blizzard et Ubisoft ont vu leur valeur baisser de 3 à 6% en quelques heures. Ils auraient perdu l’équivalent de 4 milliards de dollars.

Aucune étude ne montre de lien entre violence et jeux vidéo
De nombreuses études se sont penchées sur le lien entre les jeux vidéo et la violence chez les jeunes. Le résultat est toujours le même, aucune corrélation n’est identifiée entre les deux. Il s’agit plus d’un épouvantail médiatique, maintes fois agité par les politiciens pro-armes. Le syndicat américain du jeu vidéo (ESA) n’a pas tardé à se faire entendre. Dans un communiqué, publié hier, l'Electronic Software Association fait appel aux dernières études scientifiques tout en ajoutant : « Comme nous l'avions partagé lors de la réunion consacrée au jeu vidéo à la Maison Blanche en mars 2018, de nombreuses études scientifiques ont établi qu'il n'y avait pas de lien de causalité entre les jeux vidéo et la violence. Plus de 165 millions d'Américains jouent aux jeux vidéo et des milliards de personnes jouent également à travers le monde. Pourtant, dans les autres pays, où les jeux vidéo sont joués avec autant d'avidité, les niveaux tragiques de violence ne sont pas les mêmes qu’aux Etats-Unis. »
L’ESA fait référence à une vidéo diffusée par la Maison Blanche après la tuerie du lycée de Parkland, dans laquelle on pouvait voir un grossier montage de scènes à fort taux d’hémoglobine issues des jeux Call of Duty, Fallout ou Wolfenstein. En 2012, déjà, Donald Trump avait tweeté « la violence des jeux vidéo et la glorification doivent être arrêtées, ils créent des monstres. » Et le port d'arme, sinon, quand est-ce qu'on s'y penche ?