Dark Phoenix : les X-Men tirent leur révérence avec panache

Le dernier épisode de la saga entamée en 2000 est une conclusion imparfaite, mais qui ne manque ni de rythme, ni de charme. Avis et critique à l'occasion de la sortie en salles.
  • On a un peu tendance à l’oublier, mais bien avant Iron Man et le MCU, ce sont les X-Men qui ont remis les films de super-héros à la mode. En 2000, des années avant le raz-de-marée Marvel et Avengers, la Fox fait le pari de lancer les célèbres mutants sur le grand écran. Bien sûr, les X-Men ont aussi été créés par Stan Lee et Jack Kirby pour Marvel, mais c’est bien 20th Century Fox qui détient les droits pour les adapter au cinéma.

    On connaît la suite : X-Men engendrera une dizaine de films, un reboot et forcément des hauts (surtout les premières années) et des bas (Apocalypse, le dernier épisode de la série principale, sorti en 2016). Et c’est le premier handicap de Dark Phoenix. Ce film doit conclure une saga fascinante mais usée par les années, et aujourd’hui reléguée en deuxième division des super-héros par le MCU. Ce dernier vient d’ailleurs de récupérer la franchise via le récent rachat de la Fox par Disney, ce qui ouvre la voie à un nouveau reboot, et donc à l’intégration des X-Men dans le MCU.

    Pour ne rien arranger, X-Men: Dark Phoenix a connu un accouchement difficile. Il devait sortir à l’automne 2018, avant d’être finalement repoussé une première fois à février 2019, puis une deuxième au mois de juin. Le genre de décision qui inquiète les fans. Et pour couronner le tout, c’est le scénariste et producteur historique des derniers X-Men (Simon Kinsberg) qui s’est collé à la réalisation pour son premier film derrière la caméra, en remplacement de Bryan Singer. Bref, les ailes de ce Dark Phoenix semblaient déjà sérieusement plombées avant sa sortie.

    Mais contre toute attente, X-Men: Dark Phoenix est une conclusion plutôt réussie et inspirée. Le film parvient aisément à laver l’affront de L'Affrontement final, le film qui racontait à peu près (mal) la même histoire en 2006, avant le reboot de la licence en 2011. Cette fois, c’est la superstar de Game of Thrones Sophie Turner qui reprend le rôle de Jean Grey (elle l’incarnait déjà dans Apocalypse), la mutante qui après un incident au cours d’une intervention dans l’espace va développer un pouvoir surpuissant et destructeur.

    À partir de là, on suit son tiraillement entre le bien et le mal, schéma classique de tout bon super-héros, mais qui montre encore son efficacité ici. Le scénario remonte aux origines tragiques du personnage pour expliquer son lien avec le professeur X (James McAvoy, toujours parfait) avant de prendre rapidement un tournant apocalyptique réjouissant. Un personnage très important disparaît sans ménagement, des extraterrestres pas pacifiques du tout menés par Jessica Chastain viennent en découdre, et l’intrigue décolle sans jamais vraiment retomber.

    C’est un point fort inattendu de ce film de plus de deux heures : il n’y quasiment pas de temps mort, et même ceux qui ne sont pas fans de X-Men ne s’ennuieront quasiment jamais. À l’inverse, les fans les plus pointilleux regretteront sûrement certaines incohérences et les raccourcis opérés par le scénario, qui s’enferme un peu dans la simplicité et manque de surprises. Dark Phoenix ne s’embarrasse pas de dialogues ni d’explications inutiles, et préfère tout miser sur l’action et le rythme pour offrir un bouquet final visuel qui flatte la rétine.

    Et ça marche. La scène finale à bord d’un train est littéralement renversante et offre un modèle de fan service qui devrait combler ceux qui suivent la licence depuis presque 20 ans. Evidemment, tout cela est possible grâce à un casting qui tire sa révérence en beauté. Si Michael Fassbender (Magnéto) et Nicholas Hoult (Le Fauve) sont au niveau attendu pour leurs adieux probables, ce sont surtout les personnages féminins qui brillent dans le film. Jessica Chastain est géniale dans un style à la Tilda Swinton et Sophie Turner, Alexandra Shipp (Tornade) et Jennifer Lawrence (Mystique) ne font pas regretter leurs prédécesseurs de L’Affrontement final, bien au contraire.

    Dans une scène, Mystique fait d’ailleurs remarquer au professeur X que les X-Men devraient se renommer X-Women, un clin d’œil qui fait écho à l’incroyable succès de Captain Marvel, et qui donne envie d’imaginer d’autres films centrés sur Jean Grey, Mystique voire Tornade dans le cadre du MCU. La balle est désormais dans le camp de Disney, mais Dark Phoenix montre clairement l’exemple à suivre pour la suite.

    A lire aussi