Hellboy est-il vraiment un des pires films de l'année ?
2019 M05 7
Cette nouvelle adaptation des comics de Mike Mignola se fait assassiner depuis plusieurs semaines. Alors, ces critiques sont-elles vraiment justifiées ? On a été voir ce reboot sans a priori pour en juger, et le résultat est sans appel.
Ce Hellboy de 2019 est un film mal-né. D’abord, pourquoi rebooter une série de films si bien débutée par Guillermo del Toro il y a quinze ans déjà, et si brillamment poursuivie avec un deuxième épisode en 2008 ? La raison est simple. Initialement, un Hellboy 3 devait être réalisé, Guillermo del Toro voulait l’écrire et le réaliser comme les deux premiers, mais personne ne lui a proposé.
Résultat, Ron Pearlman a refusé de reprendre le rôle avec sa gigantesque mâchoire, et il a été décidé de faire un reboot avec un nouveau réalisateur et un nouvel acteur principal. On retrouve donc Neil Marshall à la réalisation, surtout connu pour avoir réalisé les films d'horreur Dog Soldiers et The Descent, ainsi que des épisodes de séries, notamment Game of Thrones. Et pour incarner Hellboy, c’est David Harbour (Stranger Things) qui s’y colle.
Tout ça ne sent pas très bon, et autant le dire tout de suite, ce reboot de Hellboy n’a rien à voir avec la version subtile proposée par Guillermo del Toro. Ici, on a droit à un film gore. Hellboy est d’ailleurs classé R-rated aux Etats-Unis, soit la catégorie juste en-dessous du film réservé aux adultes.
Ce nouveau Hellboy se veut d’ailleurs plus adulte que ses illustres prédécesseurs, mais en réalité, il est tout le contraire. Son programme se résume donc simplement : de l’hémoglobine partout et tout le temps, avec une multiplication de scènes dégueulasses sans aucune autre justification que de vouloir émoustiller le jeune public qui est visé par le film.
Quant au scénario, il broie la légende arthurienne comme le film broie l’héritage de Guillermo del Toro, le tout saupoudré de références au nazisme dignes de Wolfenstein. En gros, la sorcière Reine de Sang Nimue, épouse de Merlin incarnée par Milla Jovovich, est découpée en morceaux par Arthur avec Excalibur, et les différentes parties de son corps sont cachées dans des endroits différents pour éviter la fin du monde. Mais des forces maléfiques vont tenter de la ressusciter pour déchaîner les enfers, et c’est là que notre héros cornu intervient.
Clairement, le film ne se prend pas au sérieux et semble assumer sa dimension parodique quasiment permanente. On espère du moins que c’est volontaire, mais peu importe, l’histoire du film n’est qu’un prétexte sans queue ni tête (au sens propre comme au figuré) pour placer un maximum de scènes gores, à base de démembrements, d’énucléations et de projections de sang toujours plus abondantes et absurdes. Et tout ça avec des monstres au design tout à fait questionnable.
Mais ce n’est pas pour ça que le film est pénible à voir. Non, pour couronner le tout, les effets spéciaux sont particulièrement embarrassants et douloureux pour les yeux pendant les deux heures que dure Hellboy. Tout est très laid dans ce film qui ne sait pas où il va, et qui semble vouloir absolument copier l’humour noir de Deadpool.
Le souci, c’est que les blagues semblent faites pour des préados et imaginées par eux, et que les dialogues sont donc nanardesques à souhait. Tout cela est cohérent avec la bande-son du film, qui balance en permanence du gros rock bien gras et exténuant pour les oreilles, afin que l’expérience soit vraiment infernale.
Le pauvre Ian McShane semble coincé dans ce bourbier dans le rôle du père adoptif de Hellboy, de même que la jeune Sasha Lane qui gâche son talent dans un rôle inutile. Il n’y a guère que Daniel Dae Kim (Lost) qui semble s’amuser un peu avec David Harbour, mais c’est bien peu. On sauve quand même l’excellent Stephen Graham pour la voix de l’horrible Gruagach.
Quant à Milla Jovovich, elle semble croire dur comme fer au succès du film. Même si Hellboy fait un vrai bide aux Etats-Unis depuis sa sortie (seulement 40 millions de dollars récoltés au box-office pour l’instant), elle a tenu à réagir sur son compte Instagram. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne manque pas de confiance en elle à propos de Hellboy et de sa filmographie. De notre côté, vous l’avez compris, on pense qu'il a toutes les qualités pour concourir pour le titre de pire film de l’année. Si c’est votre style, foncez ! Et si vous voulez voir à quoi ressemble un vrai film de super-héros, regardez plutôt le trailer de Spider-Man: Far From Home, qui vient de sortir.