Esport : que deviennent les joueurs pros après la fin de leur carrière ?

La carrière du joueur d’esport moyen est courte, d’où l’importance de penser très tôt à sa reconversion...
  • Y a-t-il une vie après une carrière de joueur professionnel ? C’est une grande question que quasiment tous les athlètes esport se posent, au même titre que les sportifs traditionnels. Car comme dans n’importe quel sport, la carrière d’un joueur d’esport n’est jamais éternelle.

    Même s’il y a de grandes variations selon les jeux pratiqués, le vieillissement conduit toujours tôt ou tard à une baisse des performances. Et l’âge de la retraite peut arriver très vite (bien avant 25 ans) sur certains jeux comme les MOBA et les FPS, ou les réflexes sont primordiaux. À l’inverse, il n’est pas rare que les joueurs de jeux de combat dépassent largement la trentaine.

    Alors quelles sont les reconversions possibles pour les anciens joueurs ? Aujourd’hui, les possibilités sont nombreuses, mais encore faut-il avoir le bagage pour pouvoir prétendre à la plupart des carrières. Car les joueurs d’esport souffrent de la même faiblesse que les sportifs classiques : ils arrêtent généralement leurs études prématurément pour se concentrer sur la compétition à haut niveau. L’autre possibilité pour des joueurs dépourvus de diplômes, c’est de faire fructifier leur notoriété et leur personnalité dans des métiers qui restent dans le jeu vidéo. Mais encore faut-il être à l’aise dans ce genre de rôle.

    Voici donc quelques exemples de grandes reconversions choisies par des anciens joueurs célèbres, mais cette liste n’est évidemment pas exhaustive puisque quasiment tout est possible. Qui sait, peut-être que ça vous donnera des idées. Précision importante : les personnalités comme Ninja et Gotaga qui tentent de se qualifier pour la Fortnite World Cup ne sont pas évoquées puisqu’elles ont encore un pied dans la compétition en tant que joueurs.

    Grubby, streamer (et caster)

    C’est un grand classique. Le néerlandais Manuel Schenkhuizen était une star de WarCraft III, jeu de stratégie de Blizzard sur lequel il a rapporté plus de cent tournois en LAN dans les années 2000. Après sept années passées sur le jeu, il fait la transition vers un autre jeu de stratégie de Blizzard, StarCraft II. Mais ses résultats ne suivent pas vraiment, et il devient streamer sur WarCraft III.

    Au lancement du MOBA Heroes of the Storm en 2015, il s’essaye à son troisième jeu Blizzard, non seulement en tant que streamer, mais aussi en tant que commentateur, quasiment jusqu’à la disparition récente de la scène compétitive du jeu. Depuis, il est redevenu streamer sur WarCraft III, et sa tchatche, sa personnalité calme, sa voix très posée et sa pédagogie en font un incontournable des reconversions réussies dans le streaming. Le français Yoan "ToD" Merlo a connu un parcours très proche.

    Fatal1ty, businessman

    L’américain Johnathan Wendel est un vrai pionnier de l’esport. Il se fait connaître sur le célèbre FPS Quake III Arena où il était l’un des meilleurs joueurs du monde. Et pour cause : sur 72 tournois, il a fini 48 fois premier, 10 fois deuxième, et seulement 6 fois troisième.

    Rapidement (dès le milieu des années 2000), il diversifie ses activités et capitalise sur son nom pour créer une gamme de périphériques de gaming estampillés Fatal1ty, qui existe encore aujourd’hui. Cet entrepreneur est resté jusqu’à fin 2013 le joueur à avoir gagné le plus d’argent dans l’esport, et ses activités de retraité ont clairement contribué à sa success story et au bon remplissage de son compte en banque.

    YellOwStaR, coach

    Bora Kim est la star française de League of Legends. Son parcours et son palmarès avec Fnatic sont restés gravés dans les mémoires, et ses capacités d’analyse lui ont permis de se reconvertir facilement dans le coaching sur le jeu, une voie choisie par beaucoup d’anciens joueurs après leur carrière.

    Il intègre donc le PSG eSports en 2016, mais l’expérience de l’équipe sur LoL tourne court, et il part un an plus tard chez LDLC, où il officie d’abord en tant que head coach avant de prendre également la casquette de directeur sportif. Un rôle où il excelle : LDLC est la deuxième meilleure équipe française sur League of Legends actuellement, derrière Vitality.

    Elky, joueur de poker

    Avec ses fameuses lunettes de soleil, le français Bertrand Grospellier est un visage légendaire de l’esport français, en plus d’avoir été un pionnier. Joueur de StarCraft : Brood War, il fait partie des meilleurs du monde au début des années 2000, et se retrouve dans tous les reportages télé comme « le Français qui vit en jouant aux jeux vidéo en Corée du Sud. »

    À partir de 2005, il flaire le filon du poker et devient une véritable star dans ce domaine, où il gagne aussi plusieurs millions. Mais en 2015, il revient à ses premières amours en rejoignant l’équipe Team Liquid sur Hearthstone, le jeu de cartes de Blizzard.

    cArn, propriétaire de Fnatic

    Patrik Sättermon est l’un des joueurs les plus mythiques de l’histoire de Counter-Strike. Il a été l’ancien capitaine et le leader in-game de l’équipe suédoise Fnatic de 2006 à 2012, quand cette dernière était une vraie machine à gagner sur CS 1.6. Résultat, il est le deuxième joueur à avoir gagné le plus d’argent sur le jeu, derrière f0rest, qui est toujours en activité sur CS : GO.

    Depuis sa retraite, cArn est tout simplement propriétaire et CGO (Chief Gaming Officer) de son ancienne structure, l’une des plus importantes du monde. Et il met à profit ses compétences de leader et de manager apprises en tant que shotcaller sur CS.

    Bruce Grannec, touche-à-tout

    Quand on pense à FIFA et à l’esport en France de façon générale, on pense forcément à Bruce Grannec. Entre 2005 et 2015, il devient une référence des jeux de foot, et l’un des joueurs les plus titres du monde dans cette catégorie. Et il n’attend pas la fin de sa carrière de joueur pro en 2015 pour entamer sa reconversion.

    Bruce Grannec ouvre sa chaîne YouTube en 2012, sa chaîne Twitch en 2015, et il est maintenant aussi commentateur et animateur de compétitions de FIFA, notamment l’Orange e-Ligue 1. Bref, c’est un véritable touche-à-tout qui a ouvert la voie à tous les entrepreneurs multi-casquettes du gaming que l’on voit partout aujourd’hui. Chez les joueuses, Kayane a un profil assez similaire au sien sur les jeux de combat.

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