Exit les gaming houses : Vitality s'installe au Stade de France

L’équipe esport et l’enceinte Dyonisienne ont annoncé un partenariat qui verra notamment la création d’un centre d’entraînement à partir de la rentrée prochaine. Vitality devient ainsi le premier club résident du Stade de France.
  • Les dernières barrières qui subsistaient entre le sport et l’esport sont en train de tomber. Alexandra Boutelier (directrice du Stade de France) et Fabien « Neo » Devide (fondateur et patron de Team Vitality) ont annoncé vendredi dernier la signature d’un partenariat « inédit et historique » pour l’esport français, puisque Vitality devient le premier club résident du stade de Saint-Denis depuis son inauguration en 1998.

    Concrètement, Vitality installera à la rentrée un centre d’entraînement de 250m² au sein du stade, qui accueillera dans un premier temps les équipes FIFA et LoL (Vitality.Bee), puis Rainbow Six : Siege par la suite. Pour Neo, le but de ce lieu est de sortir du modèle des gaming houses, de plus en plus critiqué et qu’il considère lui-même comme obsolète.

    « Les gaming houses, ce modèle principalement asiatique où les joueurs vivent et jouent en un seul et même endroit, est aliénant. L’extra-sportif se mêlait au sportif et il y a eu beaucoup de burnouts ou de retraites anticipées... Là, les joueurs sont frais et dispos. Ils rentrent chez eux et viennent ici pour s’entraîner. Ils sont concentrés sur leur préparation, sur leur travail. »

    Ce centre d’entraînement comprendra trois salles de bootcamp, une salle de visionnage, une salle de soins, une cuisine, une salle de détente et un bureau pour le responsable. Les joueurs seront en effet encadrés par un directeur de la performance issu du sport traditionnel et dont on ne connait pas encore le nom.

    Il ne s’agira pas de Matthieu Péché, le médaillé olympique de canoë-kayak devenu très récemment manager de l’équipe CS : GO de Vitality. Par ailleurs, le staff comprendra une équipe médicale qui fera en sorte d’améliorer la condition physique et mentale des joueurs, comme dans le sport traditionnel de haut niveau.

    Pour Vitality, ce partenariat est également source de rayonnement et de prestige à l’international, grâce à la riche histoire qu’évoque le Stade de France depuis sa création. Mais il pourra aussi se traduire par la mise en place d’une « arena » dans les espaces intérieurs du stade, lieu qui permettra à l’équipe de jouer des matchs à domicile devant du public et donc de récolter des recettes de billetterie, chose qui manque cruellement à l’esport aujourd’hui, rappelle Neo.

    L’arena en question pourrait accueillir entre 500 et 1000 fans environ, mais ses contours ne sont pas encore fixés, car le projet se heurte notamment à des obstacles potentiels liés aux travaux pour la Coupe du monde de rugby 2023 et pour les JO 2024.

    Quoi qu’il en soit, Vitality poursuit sa folle croissance, après avoir levé plus de 20 millions d’euros l’an dernier et avoir annoncé l’ouverture de locaux importants en plein Paris récemment. Surtout, l’équipe de Neo se tourne déjà vers l’avenir.

    Dans la vidéo présentée pour annoncer le partenariat, le fondateur de l’équipe a souhaité mettre en avant une nouvelle génération de joueurs talentueux : Maesto pour FIFA, ZywOo pour CS : GO et Skeanz pour League of Legends.

    Du côté du Stade de France, ce premier pas dans l’esport marque une volonté d’exploiter le potentiel de croissance très rapide du secteur. Au-delà du partenariat avec Vitality, sa directrice pense déjà à accueillir à terme des finales mondiales d’un événement esport. Ce rêve n’est plus très loin puisque Bercy accueillera cette année la finale des Worlds de LoL, après le MSI l’an dernier.

    Alexandra Boutelier est une dirigeante convaincue par l’esport, d’autant plus depuis qu’elle s’est rendue à New York au Barclays Center pour la première finale de l’Overwatch League, jouée devant plus de 11 000 spectateurs. Elle en tire la conviction que l’esport connaîtra la même explosion que le rugby après sa professionnalisation en 1995. Et l’esport peut amener une diversification économique à cette enceinte qui repose principalement sur les concerts et les matchs des équipes de France de football et de rugby.

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