Je(u) me souviens : Rayman, ou les portes d’un autre monde

Je me revois encore dans notre salon. La PlayStation 1 venait d’entrer chez nous avec deux jeux : Rayman et V-rally. C’est le premier que nous avons lancé, et ce fut aussi notre première réelle expérience avec une console de salon de la génération CD-ROM. Un souvenir inoubliable.

A l’époque, nous essayions de comprendre les jeux par nous-mêmes. Beaucoup d’erreurs ont donc été commises, faute de compréhension des mécanismes du gameplay. Et une fois la phase d’appréhension passée, c’était des heures de fun qui nous attendaient sur l’un des jeux les plus durs de mon enfance.

Un nouveau monde

Aujourd’hui, nous pouvons lire 36.000 tests et voir autant de vidéos avant d’acheter un jeu. A l’époque, la presse vidéoludique était bien moins répandue. Acheter un jeu n’était pas la garantie d'heures d’amusement. Mais Rayman avait su être le ticket gagnant pour le gosse que j’étais. Avant qu’il ne soit perverti par des Lapins Crétins, c’était un monde rempli de merveilles qui appelait à la découverte.

Le premier volet de ce jeu édité par Ubisoft était en 2D. Un jeu de plateforme aux couleurs chatoyantes, et aux niveaux variés. La carte était divisée en plusieurs mondes, avec chacun un certain nombre de niveaux et un boss à battre en guise de conclusion. Certains niveaux devaient être parcourus plus d’une fois pour pouvoir en débloquer tous les secrets, et il fallait même parfois apprendre le circuit par cœur. La Forêt des Songes, le Ciel Chromatique, les Montagnes Bleues, la Cité des Images, les Caves de Skops, et le Château des Délices... rien à dire, les développeurs avaient de l’inspiration.

La difficulté derrière l’émerveillement

Visiter chacun des mondes de Rayman était formidable, mais il faut avouer que le jeu était tout de même difficile pour une première expérience. A l’époque, j’étais beaucoup plus tolérant avec la difficulté. Je pouvais recommencer un niveau des centaines de fois que ça ne me gêner. Aujourd’hui, je suis beaucoup moins patient. Probablement à cause du temps à ma disposition. Certes, de nos jours, on ne compte plus le nombre de speedrunners qui finiront le premier épisode en quelques heures. 

Assez simpliste au début, la difficulté montait crescendo. La forêt est évidemment le monde dans lequel on s’initiait aux mécaniques du jeu. Lorsqu’on entrait dans le niveau musical, le sol glissant commençait déjà à être plus ou moins problématique. Le vent n’aidait pas et les plateformes mouvantes qui se multiplaient dans les montagnes non plus. Et ainsi de suite. Pourtant, je ne me rappelle pas avoir ressenti une quelconque montée de rage ou une lassitude liée au jeu. Et ce, malgré un scénario qui n’allait pas très loin.

Partagé mais conquis

En gros, l’équilibre du monde était maintenu par un orbe, le Grand Protoon. Le méchant Mister Dark le dérobe et neutralisait les pouvoirs de Betilla la Fée. Les Électoons qui gravitaient autour de l’orbe s’éparpillaient et étaient enfermés dans des cages. Et Rayman était appelé à la rescousse. Le scénario n’était pas le point le plus important du jeu. L’essentiel à comprendre, c’est que notre héros devait briser les cages pour délivrer les Électoons répartis dans tous les différents niveaux (102 au total) et recevoir au fil de l’aventure des pouvoirs venant de la Fée pour l’aider, puis vaincre le boss final.

L’un des points fortt, c’est qu’il n’était pas nécessaire de finir un monde pour passer au suivant. Parfois, des choix étaient donnés, et on pouvait même aller vers le Ciel Chromatique pour retourner plus tard dans la Forêt des Songes. Rayman, en tant que plateformeur 2D, avait une certaine linéarité, mais laissait alors parfois la place à la décision. Et ce, même à l’intérieur des niveaux où l’on choisisait d’aller à la chasse aux cages, ou tout d’abord débloquer le plus de monde possible.

La seul réelle frustration était le fait qu’il n’y ait pas de sauvegarde à proprement parler. La continuité fonctionnait sur un système de mot de passe à noter sur le bloc-notes de la maison pour poursuivre son aventure, et qui forçait parfois à revenir dans des niveaux pour récupérer des cages déjà brisées.

Ces deux points résument d’ailleurs parfaitement le Rayman de mon enfance. Un jeu difficile mais enfantin, forçant à la répétition mais jamais lassant, et surtout un laisser-passer dans un univers aussi loufoque qu’extraordinaire. Bien au dessus des jeux qui prendraient sa suite.