

Qui est vraiment Jade Raymond, la star du jeu vidéo recrutée par Google ?
2019 M03 19
La Québécoise est l’un des grands noms de l’industrie, et elle vient de rejoindre Google en tant que vice-présidente. Pour faire décoller la firme de Mountain View sur le marché du gaming ?
C’est aujourd’hui à 18h00 que Google révèlera ses grandes ambitions pour le jeu vidéo. La société a prévu une keynote au programme de la GDC (Game Developers Conference) 2019 à San Francisco. Le monde entier attend évidemment ces annonces, et chacun y va de sa théorie. Révélation d’une console de jeu ? Annonce d’un système de streaming de jeu vidéo ? Les deux à la fois ? Google a en tout cas bien fait monter la pression en révélant un teaser qui laisse peu de place au doute : il veut sa part du gâteau du jeu vidéo.
Et le géant du web a déjà frappé très fort, puisque l’on a appris il y a une semaine qu’il avait recruté Jade Raymond, un poids lourd du jeu vidéo passé par les plus grosses productions d’EA et Ubisoft notamment. Alors, qui est ce visage un peu moins connu en France que de l’autre côté de l’atlantique ? Portrait de la nouvelle vice-présidente de Google, qui devrait devenir la patronne du jeu vidéo au sein de la firme de Mountain View.
I’m excited to finally be able to share that I have joined Google as VP!
— Jade Raymond (@ibjade) 12 mars 2019
Née à Montréal, Jade Raymond est une scientifique qui a une passion pour l’art. Elle mène des études d’informatique à l'université McGill et étudie également les beaux-arts à Montréal. Fraîchement diplômée, elle concilie ses deux passions en faisant ses premières armes chez Sony, où elle trouve son premier job en tant que programmeuse. Elle y développe des adaptations de jeux de société : Trivial Pursuit Online et Jeopardy!. Mais rapidement, Jade Raymond devient productrice et entre chez Electronic Arts, où elle va produire Les Sims Online en 2002.
En 2004, elle rejoint Ubisoft Montréal à seulement 29 ans. Là-bas, elle va superviser pendant plusieurs années le lancement d’un nouveau jeu devenu depuis l’une des plus grosses licences de l’industrie : Assassin’s Creed. Le jeu fait un carton à sa sortie en 2007, et il engendre plusieurs suites sur lesquelles Jade Raymond travaille, notamment le très respecté Assassin's Creed II.
De parfaite inconnue à star du jeu vidéo
Mais elle ne s’arrête pas là. En 2019, elle participe à la création d’un nouveau studio, Ubisoft Toronto. Là-bas, la Québécoise se spécialise définitivement dans les grosses productions à succès. Elle travaille d’abord sur Blacklist, le dernier épisode de la série Splinter Cell. Elle devient aussi productrice exécutive de nouvelles licences comme Watch Dogs et The Mighty Quest for Epic Loot, qui sortent en 2014.
Elle travaille également sur Far Cry 4 et Assassin's Creed: Unity, mais elle choisit la même année de quitter Ubisoft après dix ans de bons et loyaux services, où elle est passée de parfaite inconnue à véritable star du jeu vidéo. Depuis plusieurs années, elle est ainsi idolâtrée par des fans souvent bien plus portés sur son apparence que sur ses réussites, comme le prouve ce site web très gênant. Elle est pourtant bien plus que cela, puisqu’en plus de ses réussites professionnelles, c’est une vraie joueuse dont la culture vidéoludique n’a rien à envier aux stars masculines du jeu vidéo.
Une pluie de récompenses
Elle rejoint en 2015 Electronic Arts où elle fonde un nouveau studio à Montréal, Motive Studios. Elle gère également le studio Visceral Games basé en Californie, avec qui elle travaille sur un jeu vidéo énorme adapté de l’univers de Star Wars. Mais le projet est annulé soudainement par EA, qui décide aussi de fermer le studio fin 2017. L’expérience de Jade Raymond chez EA est donc contrastée, et elle quitte la société en fin d’année dernière.
Mais avant de rejoindre Google, elle a aussi enchaîné les distinctions prestigieuses. Elle est l’une des rares personnalités du jeu vidéo à figurer dans la liste Variety 500 de 2018, qui regroupe les cadres les plus influents de l’industrie du divertissement. En juillet 2018, elle reçoit un « Vanguard Award » qui récompense l’ensemble de sa carrière. Puis, en octobre, elle empoche un « Pioneer Award » pour ses « contributions décisives à deux jeux considérés comme des tournants dans l’industrie. » Et en janvier dernier, elle reçoit carrément un « Legend Award », remis aux New York Game Awards par des critiques de jeu vidéo.
Enfin, le portrait de Jade Raymond ne serait pas complet sans parler de ses engagements dans deux causes. Elle est membre du conseil d’administration de LOVE (Leave Out Violence), une organisation qui a pour mission de réduire la violence chez les jeunes Canadiens. De même, elle fait partie du CA de WIFTI (Women in Film and Television International), un réseau dont le but est de promouvoir la place des femmes dans toutes les industries audiovisuelles.
Chez Google, elle va avoir la mission titanesque de faire une place au géant du web sur un marché du jeu vidéo déjà occupé par les mastodontes Sony, Microsoft et Nintendo, alors qu’Apple a aussi des ambitions en la matière. Mais s’il y a bien quelqu’un à la hauteur de cette mission, c’est Jade Raymond.